[«تاریخچه» رفتار وزارت بهداشت با دکتر میترا کدیور]
Par la force des choses
Par Mitra Kadivar
Texte présenté aux 38eme Journées de l’École de la Cause Freudienne qui a reçu le standing ovation de plus de 2500 participants.
Mitra Kadivar est psychanalyste a Téhéran, membre de l’École de la Cause Freudienne et de l’Association Mondiale de Psychanalyse.
Question : comment on devient psychanalyste ?
Réponse : c’est par la force des choses que j’ai l’honneur d’être parmi vous en ce moment.
Conclusion : la réponse n’a rien avoir avec la question.
Poursuivons.
En 1983, j’ai dû quitter mon pays par la force des choses. A paris j’ai rencontré M. David Yemal par la grâce des choses. Dix ans plus tard, j’ai dû quitter la France, encore par la force des choses. En Iran, j’ai repris mon métier de médecin, alors que, médecin je n’étais plus, du fait de mon analyse. Je ne pouvais plus répondre aux malheurs des humains par des comprimés. Les écouter était la moindre chose que je pouvais faire, la moindre et la seule. Mais il y a seize ans, en Iran, qu’une femme et un homme s’enferment dans une chambre pendant un temps assez considérable, était une pratique qui n’allait pas de soi.
Les autorités ont commencé à intervenir, surtout que parfois mes patients avaient des démêlés avec la justice, et que les juges m’envoyaient des convocations à témoigner devant le tribunal, ce que je refusais de faire, bien entendu.
C’est seulement à ce moment-là que j’ai dû prononcer le mot de psychanalyse et le nom de Freud.
La vraie force des choses a commencé par le grand nom de Freud. Mon cabinet a été fermé et mis sous scellés par les autorités.
En réponse à cet acte, je me suis mise à travailler à mon domicile. Mais le mot imprononçable avait été prononcé, et on ne parvenait plus à remettre le génie, le « ghoul », dans la bouteille. Moi, j’avais parlé de Freud, alors qu’en Iran, on avait jusqu’alors réussi à séparer le mot psychanalyse du nom de Freud. On avait « dépassé » Freud. C’était l’époque de la psychanalyse « contemporaine ».
Alors j’ai commencé une série de conférences à l’Université même. Ensuite, je me suis mise à enseigner Freud, par ses propres mots, dans un cours hebdomadaire, toujours à mon domicile.
Après le ministère de la Santé, ce fut le tour de la police. Après la suspension de ma pratique en tant que médecin, ce fut celle de mon activité en tant qu’enseignante.
Alors, je me suis dit que trop, c’était trop, et j’ai commencé ma contre-attaque. J’ai fait deux cours hebdomadaires au lieu d’un seul, chacun avec une dizaine d’élèves, psychiatres et psychologues pour la plupart. J’ai commencé des conférences publiques que j’ai appelé les « Jeudis freudiens » parce qu’elles se tenaient le dernier jeudi de chaque mois. Dans ces conférences, moi et mes élèves continuions à faire connaître Freud, toujours par ses propres mots, au grand public. Dès la première séance, il y eut plus de 60 personnes qui se présentèrent. Aujourd’hui, ce nombre dépasse les 150.
Le seul moyen de publicité dont nous disposons, ce sont les affiches, qui sont distribuées dans les librairies de Téhéran, et de quelques autres villes.
La même année, j’ai déposé au ministère de l’Intérieur une demande pour fonder une ONG portant le nom de Freud. Au bout de deux ans, les autorités ont accepté d’autoriser cette ONG, mais avec un autre nom que celui de Freud. Il nous a fallu deux autres années de tractation et d’allers et retours pour que, finalement, l’autorisation de fondation de l’ « Freudian Association » nous soit délivrée le 23 septembre 2008.
Chaque mot de ses statuts a été l’objet de négociations et de marchandages, menés avec un art qu’on ne pratique si bien qu’en Orient.
Les CD des conférences des « Jeudis freudiens », et le livre que j’avais publié six ans auparavant, livre qui avait lui-même attendu quatre ans pour être publié, ont convaincu les responsable du Bureau des ONG au ministère de l’Intérieur que faire connaître le vrai Freud en Iran est une tâche qui pourrait glorifier le milieu scientifique de tout un pays, et être en même temps d’utilité publique.
Aujourd’hui, notre Freudian Association est l’ONG la plus respectée en Iran.
En vérité, je viens de raconter une histoire d’amour : l’amour que je porte à une personnalité, Freud, et l’amour que je porte à une personne, dont les forces de ces amours ont contrebalancé la force des choses. M. David Yemal, je ne trouverai jamais les mots pour vous remercier.
Je tiens aussi à remercier M. Miller, spécialement, et vous tous pour m’avoir écoutée.
می توانید سخنرانی دکتر کدیور را در اینجا گوش کنید:
لینک دانلود فایل صوتی سخنرانی دکتر کدیور
منبع: radio-a
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