Le maître de demain, c’est dès aujourd’hui qu’il commande — Jacques Lacan
n° ۷۱۱ – Samedi 17 juin 2017 – ۱۷ h 30 [GMT + 2] – lacanquotidien.fr
Sommaire
CHRONIQUE DE L’ANNEE ZERO (3)
par Jacques-Alain Miller
L’UNIVERSITE POPULAIRE JACQUES-LACAN
Le 8 novembre 2009
UNE LETTRE DE MITRA KADIVAR
CHRONIQUE DE L’ANNEE ZERO
par Jacques-Alain Miller
Paris, le 16 juin 2017
PARIS : j’apprends ce matin d’Aurélie Pfauwadel, la directrice de la revue de l’ECF, La Cause du désir, que les quarante derniers numéros de la revue seront mis en ligne sur le site Cairn fin 2017, début 2018 (numéros 56 à ۹۶ et à l’avenir).
Elle m’écrit : « Le projet qui a émergé lors de la réunion avec le Directoire de l’Ecole et Angèle Terrier est de créer un “site de documentation psychanalytique” de l’Ecole de la Cause freudienne, qui serait relié au moteur de recherche de la Bibliothèque (Alexandrie), et permettrait d’accéder en ligne aux articles de référence publiés dans les différentes revues de l’Ecole depuis 35 ans. Il me semble qu’il conviendrait de constituer une commission à part entière pour mener à bien cette aventure. Cette commission devrait être composée à la fois d’un comité scientifique, comprenant des collègues présents de longue date dans l’Ecole et ayant une excellente connaissance des articles et fonds documentaires de la bibliothèque. Et cette commission devrait aussi comprendre des collègues à l’aise avec l’informatique et porteur de ce projet de numérisation. »
Aurélie conclut : « Je suis convaincue que c’est le meilleur investissement à opérer pour le rayonnement de l’Ecole et la diffusion de la psychanalyse en extension, selon notre orientation. »
PARIS : le 8 novembre 2009, dans le texte qui lançait le signifiant « Université populaire Jacques-Lacan », j’annonçais comme imminente la mise en pool de nos moyens d’enseignement à Paris et environs pour former un grand pôle de formation et d’enseignement supérieur. Huit ans plus tard, l’idée pourrait devenir réalité à la faveur de l’Année Zéro. Une réunion a été convoquée à cette fin par la présidente de l’ECF, Christiane Alberti, pour le 27 juin. C’est le moment de conclure. Voir ci-après mon texte de 2009.
JAM : mon acronyme personnel devient celui des « Jeunes avec Macron ». Zut !
ORNICAR ? : le comité de rédaction est composé de : Jacques Adam, Rodolphe Adam, Christiane Alberti, Caroline Doucet, Fabian Fajnwaks, Damien Guyonnet, Philippe Hellebois, Fabienne Hulak, Carolina Koretsky, Dominique Laurent, Catherine Lazarus-Matet, Aurélie Pfauwadel et Herbert Wachsberger.
ATTUALITA LACANIANA : Paola Bolgiani, présidente de la SLP m’écrit à propos de la revue de l’Ecole italienne : « Depuis la constitution de la nouvelle commission éditoriale, Attualita lacaniana cherche à devenir une “vraie revue” et pas seulement le recueil des textes déjà sortis. Le premier numéro de la revue avec cette nouvelle ligne éditoriale est paru pour le Congrès de Turin. On est aussi en train de changer d’éditeur. Nous travaillerons avec Rosemberg & Sellier (vous avez connu à Turin le propriétaire, Lorenzo Armando, qui sera là aussi le 8 juillet). Merci pour votre attention et bien à vous. »
Je rappelle que Paola est chargée d’établir la liste de toutes les revues existant dans le Champ freudien. La contacter à son adresse : salbol.salbol@gmail.com
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L’UNIVERSITE POPULAIRE JACQUES-LACAN
Le 8 novembre 2009
par Jacques-Alain Miller
L’Université est créée ce dimanche 8 novembre à l’occasion des 38es Journées de l’Ecole de la Cause freudienne à Paris. Il y a un temps pour penser – méditer, calculer, supputer, tergiverser – et il y a un temps pour agir, foncer, passer au registre de l’acte, ce qui comporte toujours de traverser en toute hâte la barrière du non-savoir.
Voici quelque temps que j’ai mis l’idée en discussion, de créer un puissant pôle d’enseignement à Paris, en réunissant sous un même chapeau, sans mettre en cause leur autonomie de fonctionnement, les enseignements de l’École, ceux du Département de psychanalyse, les deux Sections cliniques, le Collège freudien pour la formation permanente, l’Envers de Paris, les Groupes du Champ freudien, que sais-je encore ? Je suis allé jusqu’à évoquer l’idée d’une Université européenne, et cette idée a été soutenue par Uforca, bien accueillie en Espagne comme en Italie.
Il manquait ce que Stendhal appelle « cristallisation ». Ces Journées en sont l’occasion. Vous êtes ici plus de 2 000 : c’est une affluence sans précédent. Surtout, n’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure nous promettant « la kermesse » parce que nous ne tirons plus la tête d’enterrement qui est traditionnelle chez les analystes en toute circonstance institutionnelle, on n’a jamais mieux travaillé, plus sérieusement et plus plaisamment.
Une ligne politique se dégage ; je l’expose au fur et à mesure qu’elle se révèle à moi, comme un prophète qui ne serait que logicien ; elle recueille ces jours-ci l’assentiment de la plupart. Eh bien, le moment est venu de conclure sur l’affaire universitaire, pour aller de l’avant sur d’autres plans encore.
Je dis « Université populaire », parce que le terme est connu, qu’il a cours, et qu’il indique bien que nous prendrons à cœur cette « éducation freudienne du peuple français » que j’appelais de mes vœux au début de cette décennie – sauf à l’étendre à tous les peuples, comme nous y encourage l’exemple de Mitra Kadivar en République islamique d’Iran. Les religions ont bien réussi à orienter l’humanité vers des divinités d’utilité douteuse, et dont l’existence est sujette à controverse. Pourquoi reculer devant la notion d’une humanité analysante ? Ce n’est pas pour demain, je vous le concède – mais après-demain ? Tomorrow, the World !
Je l’appelle « Jacques-Lacan » parce que je veillerai à ce qu’elle soit digne de ce nom.
Ce sera une association sans but lucratif ; on essayera de la faire reconnaître d’utilité publique.
Elle abritera le Pôle parisien dont je parlais, auquel s’ajouteront les principaux établissements Uforca, et les meilleurs de l’étranger, comme l’ICBA (Institut clinique de Buenos Aires) ou le Séminaire franco-bulgare distingué par Judith Miller. Je vois bien cette Université abriter un Institut Lacan, dédié aux études lacaniennes. Je la vois aider les établissements d’enseignement du Champ freudien à se reconfigurer et à se perfectionner, sur la base du volontariat, et, je l’ai dit, dans le respect des autonomies de gestion. Réduire au minimum le nombre des établissements en gestion directe. L’Université populaire devra être dotée d’un département des publications, où réinscrire le Journal des Journées, LNA-Le Nouvel Âne, Ornicar ?, et ouvrir un site et un blog propres.
Je pose l’acte. Je n’ai pas plus de détails à communiquer. On les discutera ensuite, dans l’esprit des Journées, win-win. Cette Université populaire, je la construirai à ciel ouvert, sous la tyrannie de la transparence, avec ceux qui voudront y collaborer, en particulier dans le Journal, et sur Twitter.
UNE LETTRE DE MITRA KADIVAR
Le Dr Fouad Saberan, Iranien de Paris, avait jadis gravement mis en cause notre collègue iranienne Mitra Kadivar quand elle fut abusivement internée avant d’être libérée sur nos instances. Il s’était associé aux propos que je ne qualifierai pas de Mme E. Roudinesco. Voici qu’il prend contact avec moi cet après-midi (16 juin) pour me dire, puis, à ma demande, m’écrire ceci : « En ce qui concerne les bahaïs », Mitra fait écho sur son site « aux pires racistes, inquisiteurs et persécuteurs du régime théocratique iranien ».
J’ai aussitôt communiqué cette plainte à notre amie. J’extrais de sa réponse les lignes suivantes : « Je vous donnerai des explications pour le pur plaisir de vous parler. Vous savez bien que je m’en fous des Foad Saberan et des Bahaïs et leurs lamentations et leur théâtre de victime. » A la suite de quoi je lui ai adressé le message suivant :
« Chère Mitra, je vois que vous n’avez pas beaucoup de considération pour cette minorité hérétique. Mais vous savez certainement que les minorités et les hérétiques nous importent beaucoup dans le Champ freudien. En considération de cet intérêt, j’apprécierais en effet que vous m’expliquiez votre point de vue sur la question. A vous, bien fidèlement. »
Là-dessus, j’ai reçu la réponse suivante, publiée avec l’accord de l’intéressée. J’ai communiqué l’ensemble de ces échanges au Dr Sabéran, lui offrant de donner à lire les informations récentes et inédites qu’il pourrait m’envoyer concernant la persécution des bahaïs.
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Cher Ami,
La seule hérétique de ce pays est moi. Je parle de tout dans mon web site. Personne n’est à l’abri de mon witz, de mon ironie, de mon sarcasme. J’ai su pousser les limites de l’hérésie, de ce qui peut être taxé d’hérésie et d’être rejeté de ce fait. « Je dis toujours la vérité » dans mon web site avec tant de finesse et tant de courage qu’on n’arrive pas à le rejeter. Le président de la République, les Ministres, les Députés, les autorités, les Imams de la prière de vendredi et… ont été analysés dans mon site. Tout le monde peut tolérer ce que je dis sauf les Bahaïs. Le Ministre de l’Information, le chef des services secrets, a un chapitre spécifique dans mon site – le pauvre – et il me supporte ! En plus, son chapitre est traduit en anglais ! Mais les Bahaïs veulent être une exception. Ils ne veulent pas qu’on touche à leur théâtre de victime. Ils ne sont pas des hérétiques du tout, ce sont des gens empêtrés dans leur croyance qui ne voient pas le changement des temps. Et il n’y a rien de plus minoritaire dans ce pays que la Freudian Association. Pourtant, tout le système judiciaire de l’Iran nous connait. Demain nous allons chez le procureur général de Téhéran pour une nouvelle plainte. C’est pourquoi je vous dis que je me fous des Foad Saberan parce que j’ai d’autres chats à fouetter.
PS : maintenant qu’il a été le bienfaiteur de ce plaisir de vous parler – sans le vouloir – je me fous moins de lui !
Amicalement,
Mitra
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منبع: Lacan Quotidien
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