Subversion lacanienne des théories du genre
Mercredi 11 juin, 21h15
۱, rue Huysmans, 75006 Paris
avec Éric Laurent qui interviendra sous le titre:
“Subversion de la subversion”
Les théories du genre se disent au pluriel, Anne-Emmanuelle Berger, Judith Butler l’ont nettement affirmé. Au singulier, disent-elles, c’est une invention des adversaires dans la bataille autour des programmes scolaires destinés à lutter contre les préjugés sexistes et homophobes. Mais ce pluriel définit bien un champ de subversion commun. Fabrice Bourlez le qualifiait ainsi : « Elle (Judith Butler) parvenait alors à présenter le genre (le fait d’être identifié en tant qu’homme ou femme), comme un acte performatif, c’est-à-dire comme une série de gestes, d’attitudes, de postures, de normes, des sortes de parodies sans cesse répétées pour acquérir leur légitimité mais aussi sans cesse en mesure d’être subverties. » C’est à cette subversion continue que Sylviane Agacinski répond avec Femmes entre sexe et genre (۲۰۱۲), car si « le sexe ne détermine pas la sexualité », force est de constater que « la sexualité n’abolit pas le sexe ». Elle veut défendre un universel non naturel.
La subversion lacanienne s’énonce autrement. Lacan prend d’abord ses distances avec « le champ du droit-à-la-jouissance » en notant que la psychanalyse n’a pas affaire au droit, elle a affaire à l’impératif : « Le surmoi c’est l’impératif de la jouissance. » Ensuite cette jouissance n’a pas rapport avec les signes du sexué. Les caractères sexuels qui apparaissent sur le corps et que les manœuvres trans peuvent interroger restent « secondaires ». « Ce ne sont pas de ces traces que dépend la jouissance du corps en tant qu’il symbolise l’Autre » (Jacques Lacan, Le Séminaire, livre XX, « Encore », p. 15). Le Un dont il s’agit dans la jouissance n’est pas non plus celui de l’amour, du « faire-un », mais du Un de la pure itération (Jacques-Alain Miller). L’homme, sur le chemin de la jouissance du corps de sa/son partenaire, rencontre la localisation de sa jouissance dans l’organe phallique. Loin de faire « copule », l’organe fait obstacle. Il localise. Côté femme, alors qu’elle veut jouir du corps de son/sa partenaire, une femme éprouve dans l’orgasme féminin une jouissance qui ne se localise pas dans un organe. Lacan dit qu’elle s’éprouve, sans pour autant « faire organe ». Dans le rapport avec son/sa partenaire, une femme reste seule à l’éprouver. C’est une certitude qui ne peut se partager. Elle vient comme un événement de corps qui le déborde. C’est la subversion de la subversion. (Éric Laurent)
Pour clore ce travail sur la subversion lacanienne des théories du genre, Clotilde Leguil et Fabian Fajnwaks auront le plaisir d’échanger avec Eric Laurent sur cette subversion de la subversion.
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تاریخ انتشار: ۲۰ خرداد ۱۳۹۳، ساعت: 09:20