Biographie
Jorge León
Biographie
Jorge León étudie le cinéma à l’INSAS, à Bruxelles. Très tôt, son intérêt se porte sur le cinéma documentaire en tant que réalisateur et directeur de la photographie.
Sa pratique croise celle de nombreux artistes de la scène (Olga de Soto, Xavier Lukomski, Meg Stuart, Benoît Lachambre, Simone Aughterlony…) donnant lieu à de multiples collaborations artistiques.
Ses productions en tant que réalisateur incluent De Sable et de Ciment (2003), Vous êtes Ici (2006), Between Two Chairs (2007). Ses films plus récents 10 Min. (2009), Vous êtes servis (2010), Before We Go (2014) sont largement diffusés dans les festivals internationaux et ont été couronnés de prix à diverses occasions. Parallèlement à la présentation de Vous êtes servis en ouverture du kunstenfestivaldesarts 2010 à Bruxelles, il signe sa première mise en scène de théâtre en collaboration avec Simone Aughterlony : Deserve. Cette collaboration se poursuit avec la création de Uni * Form qui sera présenté en première à Zürich au Theater Spektakel en août 2015. Le scénario de son prochain film Mitra-Events Unfolding a été primé au FIDLab 2014 et est actuellement en phase de développement.
Jorge León reçoit le Prix Scam du Documentaire Audiovisuel pour Before we go
Jorge León par Marc Bouteiller
À propos de…
Before we go est la dernière réalisation de Jorge León. Véritable expérience filmée de la rencontre entre des personnes en fin de vie, atteintes de maladies incurables et des artistes chorégraphes, sur la scène et dans les ateliers de l’Opéra de la Monnaie. Ce projet est né d’un atelier de création avec des résidents d’un centre de soins palliatifs. Un livre est actuellement en cours de finition ; des portraits photographiques de chacun des patients mis en scène dans ce qu’ils auraient aimé être si c’était à refaire….
Jorge León, que représente pour vous ce Prix de la Scam ?
C’est une forme de reconnaissance de mon travail au sein d’une communauté spécifique, celle des auteurs, et cela me touche.
Malgré la solitude à laquelle chaque auteur est confronté, quelque chose du collectif se joue toujours dans l’expérience de cinéma. Avec Before we go j’ai travaillé avec des créateurs, des artistes chorégraphes que je connaissais pour avoir collaboré avec eux lors d’autres projets, je parle de Meg Stuart, de Benoît Lachambre et de Simone Aughterlony ainsi que des musiciens George Van Dam, Walter Hus et Alex Verster et l’acteur Thomas Wodianka. Des rencontres déterminantes qui ont balisé mon parcours. Beaucoup sont devenus des amis. J’ai eu le privilège de les réunir dans ce film. Leur confiance et un respect mutuel ont permis que Before we go voie le jour.
Et quel rapport entretenaient-ils avec les trois personnes que l’on voit dans le film ?
Face à des personnes en fin de vie, à leur ultime désir, Meg, Benoît et Simone n’ont pas hésité à se mettre à nu, un dépouillement qui les a exposés jusque dans leur propre fragilité. Ce film s’est construit sur des rencontres intimes, des rencontres intenses…. Lydia, Noël et Michel, ces êtres en fin de vie nous parlent à leur façon de cet élan libérateur, de cet instant intense que l’on peut ressentir lorsque l’on est conscience de son propre départ. La vie et la mort se rapprochent, se concrétisent à travers des gestes d’attention, d’amour. Là aussi, face à la radicalité de notre solitude vis à vis de la mort, je tenais à ce que cette question soit travaillée collectivement.
Ce Prix valide également un esprit de recherche dans la pratique documentaire. Je sens dans mon travail de cinéaste que je ne cherche plus à courir dernière le réel pour l’attraper, je cherche davantage à faire en sorte que des mondes se rencontrent par le biais du cinéma – des réalités qui, sans
l’acte cinématographique, ne coexisteraient peut-être jamais. Une fois ces liens créés, je tente de rester présent à ce qu’ils produisent de neuf, d’inouï.
Je deviens une sorte de témoin curieux de cette expérience de vie qui se déploie sous mes yeux et qui devient le film.
Quel message voudriez-vous transmettre à travers ce Prix ?
Aujourd’hui, plus que jamais, je sens à quel point les conditions de production ont des répercussions sur la forme des films. Les réalisateurs sont parfois amenés à formater leur propre système de pensée créatrice pour arriver à leurs fins… J’essaie de me protéger de ce schéma, ce qui finit par devenir un acte de résistance compte tenu du contexte actuel, je l’assume pleinement.
Pour Before we go je tenais à une certaine écriture, à un certain type d’image qui impliquent un mode de production plus lourd en terme d’équipe de tournage. Nous avons dû nous battre pour maintenir cette exigence et je ne le regrette pas une seconde. Cette dimension chorale du travail, même si elle exige beaucoup d’énergie, m’a beaucoup appris. Donc oui, créer c’est aussi résister …
Que comptez-vous faire à présent ?
D’une part je tente d’accompagner le film en festivals, je serai donc à New-York en janvier où Before we go est programmé à la Cinémathèque. Je travaille également avec Simone Aughterlony à la mise en scène d’une pièce de théâtre dont les répétitions débuteront en avril pour une première présentation publique à Zürich en août 2015 dans le cadre du Theater Spektakel. Ce projet devait être documentaire à la base, un film que j’envisageais de tourner dans le milieu de la police en Belgique mais ils exigeaient le « final cut »… Nous aborderons donc les choses autrement, en questionnant certaines réalités sur un plateau de théâtre, avec des acteurs…
Je viens d’obtenir l’aide au développement pour un projet de film que j’avais présenté cet été au FIDlab à Marseille, un projet inspiré d’une correspondance bouleversante, des échanges d’emails entre Jacques-Alain Miller, psychanalyste français, gendre de Jacques Lacan et Mitra Kadivar, psychiatre et psychanalyste iranienne résidant à Téhéran. M. Kadivar écrit à J-A Miller dans l’espoir d’obtenir de l’aide car elle apprend qu’elle va être emmenée contre son gré en institution psychiatrique. Ces échanges seront la source d’inspiration pour l’écriture d’un livret d’opéra et le film accompagnera cette transformation des mots en chants…
Image extraite de Before we go, de Jorge León
http://www.sacd.be/IMG/pdf/DOSSIER_DE_PRESSE_Prix_SACD_SCAM_2014.pdf
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