Wednesday December 06 2023

Sections

Archive


Categories:Mitra Kadivar’s Liberation Campaign

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyag

AMPBlog

 

LETTRES ET MESSAGES
Marina Frangiadaki : Traverser les frontières du langage

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage…

 

Ces journées m’ont bouleversée tant par des exposés qui témoignaient du plus singulier de chacun que par leur ferveur politique. La décision de Jacques-Alain Miller de créer l’Université Populaire de Psychanalyse et le discours de Mme Mitra Kadivar, véritable leçon d’un désir décidé tel qu’une analyse peut en produire, ont été les moments qui m’ont marqués le plus.
Je m’apprête à traverser les frontières, dans un mouvement de retour chez moi, pour aller servir la psychanalyse et l’Ecole dans mon pays d’origine, la Grèce. C’est dans l’après-coup de ces Journées, emportée par l’enthousiasme et le désir que cet événement a dégagé, que j’ai pu cerner au divan que vouloir retraverser les frontières géographiques est pour moi la conséquence et l’effet d’une traversée précédente, celle du langage pour toucher à la jouissance de la lalangue.
J’ai pu cerner d’une façon plus claire que la décision était déjà prise sans que je me rendisse compte, depuis le moment où, dans mon analyse, j’ai pu entendre l’équivoque en grec de deux signifiants, S1 fondamentaux qui ont laissé des traces dans mon inconscient. Pendant des nombreuses années, j’avais donné dans mon analyse, faite en français, une traduction de ses signifiants qui n’était pas exacte. Cette fausse traduction leur donnait un sens qui permettait d’abriter la jouissance qu’ils chiffraient. Une fois cette équivoque dégagée, non sans perte de jouissance, la voie était alors libre pour que la langue maternelle devienne aussi la langue de la psychanalyse.
Le désir de la pratiquer, de la traduire, de la soutenir dans la langue grecque et par la suite de m’installer en Grèce était né.
Des collègues de la NLS travaillent en Grèce avec acharnement. Ils publient, traduisent les textes de Lacan et soutiennent des activités pour créer un transfert de travail dans un pays où la psychanalyse semble être en voie de développement. Un travail indéniable a été accomplit, mais il y a encore beaucoup à faire pour contribuer à faire exister la psychanalyse en Grèce.
J’ai appris pendant ces années de formation analytique que, dans l’Ecole de Lacan, il n’y a pas de place pour des groupes. La Cause est Une, mais chacun trouve sa place pour y contribuer avec son propre style et sa singularité, comme les Journées l’ont bien démontré. Être membre de l’Ecole ne comporte pas de s’installer à une place confortable, mais crée un nouveau lien avec le désir, dans un rapport décidé à la Cause freudienne qui nous impose de l’humilité.
Avant de repartir chez moi, il m’a été donnée la chance d’assister dans la joie à la création de « Amicale-Champ freudien » et de « Immigrec », tous deux conséquence de la juste interprétation de Jacques-Alain Miller, qui a compris la nécessité de créer de tels espaces à Paris. L’ « Immigrec » a comme ambition d’être un pôle d’accueil pour les jeunes Grecs qui viennent à Paris pour la psychanalyse et pour recevoir une formation émanant de l’Ecole– comme ce fut le cas pour moi il y a quinze ans. J’ai eu l’énorme plaisir de participer à sa naissance, aussi bien que le devoir d’assurer et de soutenir son fonctionnement pendant un laps de temps d’un an, pour ensuite, tout simplement, passer le relais.

 

 
Source: AMP Blog
 

shortlink:
https://freudianassociation.org/en/?p=149

  Date of Publish: 22 February 2016